Sur commande du Projet Continental Africain (ACP) de DVV-international, le Docteur Vincent Houessou, linguiste-communicateur, spécialiste en didactique des langues et cultures, expert en éducation alternative pour adultes, a écrit, en juin 2025, un article sur les « Approches traditionnelles d’apprentissage et d’éducation des adultes en Afrique : Cas du Bénin » et le 21 Août 2025, entre 11 heures et 13 heures Temps Universel, la Plateforme MOJA de DVV-International a organisé un webinaire sur ledit thème.

Les quarante-huit participants à cette réunion en ligne, venus de toutes les régions de l’Afrique, ont eu droit à un brillant exposé du Docteur Vincent Houessou axé sur quatre parties essentielles à savoir :

1. le cadre théorique et méthodologique de l’article ;
2. les traditions en présence en matière d’AEA au Bénin ;
3. l’analyse des traditions d’AEA identifiées ;
4. le type de tradition d’AEA recommandable.

Sept membres de l’équipe du Projet Continental Africain (ACP)/Moja ont participé à ce webinaire en tant que facilitateurs. Il s’agit, en l’occurrence, de David Harrington, Chef de projet, Lindia Trout, Chargée de communication au bureau ACP au Cape, en Afrique du Sud, Lauricha Erasmus, Chargée de projet au bureau de coordination ACP au Cape, en Afrique du Sud et Abdoulaye Konota, Oumayma Kefi, Joseph Mosanda et Dyson Mthawanji, tous responsables régionaux de la communication, respectivement pour l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique du Nord, l’Afrique de l’Est et l’Afrique du Sud.

Après l’accueil et la présentation générale des participants par Oumaima Kefi, le Chef du projet ACP, David Harrington a expliqué le bien-fondé du présent webinaire et l’importance du thème à traiter. Pour contextualiser l’évènement, il dira « en examinant nos origines, nous pouvons mieux appréhender notre avenir et l’article sur les approches traditionnelles d’apprentissage et d’éducation des adultes répond à ce défi. Il explore les influences historiques sur l’AEA au Bénin et pose la question suivante : où va l’AEA ? ». En terminant, il a émis l’espoir de voir l’article enrichir le débat sur l’AEA en Afrique et contribuer à valoriser la richesse de l’histoire et des traditions (et de l’avenir) de l’AEA et remercia son auteur pour avoir accepté de partager ses réflexions et ses idées avec les professionnels de l’AEA en Afrique au cours du présent webinaire qui nous réunit.

A l’entame de son exposé, le Docteur Vincent Houessou a expliqué que l’éducation des adultes en Afrique, particulièrement au Bénin est imprégnée par une histoire pluriséculaire façonnée par des traditions orales et des savoirs endogènes. Le Bénin, espace de cohabitation de différentes civilisations et de croyances religieuses, dira-t-il, constitue un terrain particulièrement révélateur de cette diversité éducative. L’histoire y montre une succession, et parfois une coexistence, de traditions éducatives qu’il convient de bien cerner. Cela permettra de valoriser les pratiques endogènes et d’envisager des synergies possibles avec les technologies modernes, en vue d’un modèle d’apprentissage plus adapté aux besoins réels des populations adultes.

C’est à une lecture croisée, critique et constructive de ces approches que se consacre cet exposé plus en détails.

Abordant de manière plus spécifique les questions, l’auteur a présenté aux participants le cadre théorique et méthodologique de l’article en mettant un accent particulier sur la définition et la clarification de certains concepts clés tels que « Traditions » » et « Savoir Endogène ». Il a ensuite mentionné la démarche méthodologique suivie, comprenant le recueil et analyse des données ainsi que le cadre d’analyse basé sur le triangle didactique de Yves Chevallard (Savoir-Enseignant- Apprenant).

Poursuivant son exposé, le Docteur Vincent Houessou, a détaillé à l’audience les traditions en présence en matière d’AEA au Bénin à savoir l’éducation communautaire précoloniale, l’éducation des adultes sous influence coloniale et l’éducation des adultes post-indépendance auxquelles s’ajoute une tradition émergente : éducation des adultes basée sur les TIC. Pour chacune de ces traditions, il a spécifié comment est-ce qu’elle a émergé, quels sont les groupes cibles, quelles sont les finalités et les mécanismes de transmission, les curricula associés et quels ont été et sont leurs succès et limites.

Analysant les traditions d’AEA en présence, le Docteur Vincent Houessou a procédé à leur catégorisation en s’appuyant sur trois critères à savoir : la prépondérance dans la pratique, le degré d’institutionnalisation et la compatibilité avec les priorités nationales. De cette analyse, il ressort que la tradition d’AEA précoloniale est prépondérante tandis que la tradition d’AEA post indépendance est mieux institutionnalisée et très compatible avec les priorités nationales. Partant de cette catégorisation, la tradition d’AEA post indépendance se dégage, selon lui, comme dominante tandis que la tradition d’AEA précoloniale est récessive.

En examinant le type de tradition d’AEA recommandable, l’auteur a estimé que chaque tradition d’AEA identifiée a quelque chose d’utile à conserver. Il suggère alors une approche hybride constituée des points forts des traditions identifiées en vue d’une éducation des adultes moderne de qualité fondée sur les savoirs endogènes.

Discussion et interaction :

La discussion a été riche, vivante et très interactive, avec de nombreuses questions et remarques des participants, partagées à l’oral et via le chat. Voici quelques interventions recueillies dans le rang des participants :

• De quelle manière l’approche éducative coloniale a-t-elle affecté l’éducation traditionnelle au Bénin ?
• Vous avez dit qu'il faut faire attention à l’européocentrisme et la conception BTP de l'éducation - pouvez-vous nous expliquer ces concepts ?
• Comment les approches traditionnelles de l’éducation des adultes en Afrique s’adaptent-elles aux orientations contemporaines, notamment à travers les TIC et la promotion des langues nationales ?
• Vous avez mentionné l'évolution de l'alphabétisation fonctionnelle lors de la phase post-indépendance. Aujourd'hui, cependant, on utilise l'alpha classique dans la plupart des cas. Comment évaluez-vous cette situation ? Comment parvenir à une alphabétisation plus fonctionnelle ?
• Je me demande aussi où vous placez les concepts de l'andragogie au fil du temps ? Quelle phase est/était la plus "andragogique" ? J'ai l'impression que les approches de la phase communautaire correspondaient le mieux à la manière dont les adultes apprennent efficacement. Qu'en pensez-vous ?
• Merci Docteur pour votre présentation. Je voudrais vous poser une question sur l'approche alternative que vous proposez qui prend les bonnes pratiques des trois approches. Ma question : comment peut-on, par exemple, emprunter des pratiques d'approches qui n'existent plus, comme l'approche coloniale ainsi que l'approche traditionnelle précoloniale qui sont dépassées ?
• Comment pouvons-nous tirer profit des richesses de nos traditions pour enrichir l’apprentissage et l’éducation des adultes à notre époque ?
• Les analphabètes ne savent pas lire, écrire et compter mais, les plus âgés surtout, sont détenteurs d’une riche culture orale et d’un patrimoine immatériel inestimable. Ne pensez-vous pas que la rencontre analphabètes/alphabétiseurs est une occasion de valoriser et collecter ce patrimoine afin de le sauvegarder ?

Le présentateur a répondu à toutes ces questions et noter toutes les contributions à l’entière satisfaction des participants qui ont souhaité avoir une copie de sa présentation. L’interaction entre le Docteur Vincent Houessou et les participants s’est poursuivie autour des réponses à trois questions de partage d’expérience posées par l’auteur aux participants ainsi que suivent :

Au regard des expériences similaires vécues dans de nombreux pays africains, notamment lors du colonialisme et de l'accession à l'indépendance :

1. les différentes traditions évoquées vous parlent-elles ?
2. les reconnaissez-vous ?
3. J'aimerais en savoir plus sur l'AEA dans d'autres pays.

Clôturant cette journée riche en enseignement et en apprentissage mutuel, le Chef du projet ACP/Moja, David Harrington a remercié vivement le Docteur Vincent Houessou pour la qualité de sa présentation et les participants pour leur contribution significative lors de ce webinaire et surtout leur engagement pour la promotion de l’Education des Adultes en Afrique. Il a informé les participants que les échanges entre professionnels et praticiens de l’éducation des adultes ne doivent pas s’arrêter ici, après ce webinaire, mais doivent se perpétuer à travers la plateforme digitale Moja- pour l’Education des adultes en Afrique. Il invita les participants à télécharger l’article complet sur « les approches traditionnelles d’apprentissage et d’éducation des adultes en Afrique : Cas du Bénin » en cliquant sur :

Pour télécharger le livret : https://www.mojaafrica.net/fr/resource/traditions-of-adult-learning-and-education-benin