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Algérie : Accompagnement des femmes pour la création d’activités génératrices de revenus

31 March 2023 | Kacher Zahia, Présidente de l'association AFUD | Association AFUD Community Learning

Tunisia 2

Nous assistons à une multiplication de boutiques et d'espaces dédiés à la vente de produits biologiques, du terroir ou de produits simplement renvoyant à un imaginaire collectif nourri à la sève de l'authenticité. Les réseaux sociaux ne sont pas en reste dans ce mouvement "écolo-alimentaire", puisque différents supports en ligne proposent des produits biologiques, des produits cosmétiques ou d'hygiène (savons, maquillage, crèmes nourrissantes, ou d'entretien), des produits alimentaires (fruits, légumes, huiles, fromages...), des produits de terroirs et de l'artisanat (alimentaire ou décoratifs).

La liste des produits proposés est loin d'être exhaustive, et les consommateurs se ruent vers ces lieux pour acheter ce qui satisfait leurs demandes sur les aliments supposés être sains et ne comporter aucun risque pour leur santé. Beaucoup d'Algériens continuent de confondre les produits de terroir et les produits bio; or, l'un n'implique pas forcément l'autre; tous les produits naturels ne sont pas forcément des produits bio, ni même de terroir. De même, tous les produits de terroir commercialisés en Algérie ne sont pas non plus bio ni même fabriqués avec des produits naturels. Il en va de même pour les produits bio qui sont encore pour beaucoup importés et ne sont pas issus de terroirs locaux. Tandis que le qualificatif « naturels ne suffit pas pour les identifier comme produit de l'agriculture biologique ».

L'agriculture biologique est susceptible de créer de la richesse et d'offrir des débouchés aux jeunes qui veulent créer leurs propres exploitations agricoles. L'agriculture biologique ne nécessite pas de grands espaces, mais de petites parcelles de 2 à 3 ha, qui sont faciles à gérer et surtout offrent la possibilité de production diversifiée.

Nous devons revenir au modèle agricole de nos parents et grands-parents qui cultivaient la terre dans le respect de la diversité biologique et en consommant des produits sains. Il est nécessaire de soutenir des jeunes étudiants, agriculteurs, entrepreneurs, pour lancer leurs exploitations agricoles, agro-écologiques ou fermes pédagogiques. Aussi, il suffit de faire en sorte de créer des marchés locaux des produits agro écologique, issue d'une agriculture saine et durable.

La création des fermes pédagogiques peut impliquer des femmes rurales, des catégories particulières, en les initiant aux ateliers ludiques, à travers des formations, dans des métiers de fabrication de fromage, de savon, de PAM confiture, des petits élevages. Nous inciterons à protéger l'environnement et à faire dans l'économie hydrique, vu le problème des changements climatiques, impliqueront le changement de comportement chez les individus. Nous avons encore énormément de connaissances et de savoir-faire qui sont maintenus et qui sont à valoriser. Nous avons un très grand potentiel naturel, de savoir-faire et de tradition de consommation qui appelle à promouvoir l'agriculture biologique.

D'ailleurs, nous disposons d'une multitude de façons de faire pour nos agriculteurs qui sont à développer, ce qui peut être un modèle écoresponsable. La création de la Direction de l'agriculture biologique, de labellisation et de promotion des productions agricoles (DABLPPA), au niveau du ministère de l'agriculture, avec l'implication de la société civile et d'autres acteurs, nous permettrait de créer des niches à l'export. Cependant, pour réussir définitivement ce pari, il faut également "arriver à changer les mentalités locales pour suivre un itinéraire technique juste pour extraire une meilleure huile, l'extra-vierge et vierge, des huiles de qualité qui répondent aux normes internationales, au lieu de celle que nous avons coutume de consommer qui est moisi et impropre à la consommation."

L'utilisation des énergies renouvelables, l'application de l'irrigation par humidification et du système de goutte à goutte sont nécessaires. Les femmes rurales jouent actuellement un rôle pionnier dans le processus de réalisation du développement et de l'autosuffisance, à travers une économie familiale, outre leur intégration à la gestion et à la valorisation de la biodiversité. En Algérie, il y a plus de 40 000 femmes titulaires de la carte d'agriculture et autant de cartes d'artisanat, sans oublier le programme "Gouvernance Environnementale et Biodiversité" (GENBI) initié par le secteur de l'environnement, qui a mis en place une série de mesures visant à renforcer la participation de la femme à l'utilisation et la commercialisation des produits biologiques dans certaines wilayas telles que Skikda, El Tarf et Annaba.

Par ailleurs, la création de coopératives féminines renforce le rôle de la femme rurale, à travers la mise en valeur des ressources biologiques et du savoir-faire traditionnel. Pour ce faire, un travail de proximité avec les femmes rurales était indispensable, car elles rencontrent plusieurs entraves d'ordre social et économique liées à l'accès limité à l'information, l'analphabétisme, le manque de formation et les difficultés d'accès aux dispositions de création d'emplois, d'activités et aux financements. Cependant, les premières coopératives privées de femmes créées en Algérie se sont imposées comme une nouvelle valeur sûre, illustrées par plusieurs exemples, comme le parcours d'une femme rurale ayant réussi à créer les premières coopératives exclusivement féminines en Algérie, au sein du parc national d'El Kala. C'est le cas de celle qui produit et commercialise essentiellement des huiles végétales de lentisque, des produits d'apiculture (miel et ses dérivés), PAM et le figuier de barbarie.

Ainsi, à travers la création de coopératives de femmes, cela permettra d'assurer une juste rémunération aux productrices, par le commerce équitable. Le commerce équitable, fondé sur un cahier des charges précis dont le respect est contrôlé par une coopérative, peut garantir une meilleure rémunération des producteurs et des travailleurs agricoles grâce à un prix minimum garanti et une prime de développement, ainsi que des conditions de travail décentes (respect de leurs droits fondamentaux, règles sanitaires et dispositions sociales), ainsi que le regroupement en coopérative. Cette population est en première ligne face aux conséquences concrètes du changement climatique, telles que des épisodes de sécheresse ou d'inondation. Par ailleurs, notre association accorde une grande importance à la formation des femmes rurales en collaboration avec le secteur de la formation, ainsi qu'à la création de sections d'alphabétisation pour ces femmes.